Des habitants du quartier et de la ville, Alban, Alexandre, Anina, Camille, Céline, Charifa, Christine, Chloé, Clorinda, Delphine, Élise, Fabien, Flora, Frédérick, Haciba, Héloïse, Idir, Isadora, Jalila, Joe, Kelly, Khadidja, Marina, Matthieu, Nathalie, Nicolas, Olivier, Pascal, Sarah, Thérèse, Yves, Zouhal, qu'il soient étudiants ou autodidactes, travailleurs ou chômeurs, nés français ou d'adoption, hommes et femmes de tout âge (de 17 à 65 ans...) se sont retrouver pendant neuf semaines pour monter une pièce de théâtre d'Armand Gatti, issue de la Traversée des langages, au théâtre Jean Vilar de Montpellier...

Cet atelier a réuni 25 Montpelliérains et les 6 membres de l'association Idéokilogramme. Nous avons travaillé dans le quartier Mosson-Paillade, à la Maison pour tous Léo-Grange, au centre social de la Caisse d'Allocations Familiales et dans les locaux de l'association Musique sans frontières.

Ce projet a reçu le soutien de la Ville de Montpellier, du Conseil Général de l'Hérault, du Conseil Régional Languedoc-Roussillon et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles du Languedoc-Roussillon. Nous vous invitons à lire le dossier de présentation de l'atelier.

mercredi 7 avril 2010

Troisième semaine (du 1er au 7 mars 2010)

"Commentaires et explications jouent à saute-mouton, sur la fin du chant.
Sous-groupe 4 (T, C, N, V, L). - Comme nous - les mots que nous portons au bout de nos bâtons entremêlés sont des êtres vivants.
Sous-groupe 1 (T, C, N, V, L). - Ternes ou bariolés, ils naissent et meurent, comme nous, en remuant, ça, et là, l’opacité des choses. La couleur des tropes et des métaphores témoignera, contre tous les linguistes, des efforts de la langue pour devenir lumière.
De nouveau les spectateurs virtuels se manifestent.
2x1/500 HG. - Trop de lumière risque de nous (et de vous) être néfaste.
1/5 B. - Risque encore plus grand pour le spectateur de ce soir, c’est de se retrouver ivre d’à-peu-près.
1/50 EC 2.000. - ... et cerné par le bruissement d’idées inexprimables qui nous feront signe de loin. Comme dans une fin de soirée, bien arrosée, à la brasserie Carlsberg."

L'opéra probable s'interroge constamment sur son sens, sa finalité. Les spectateurs virtuels interrompent le spectacle, questionnent sa pertinence, les groupes sur scène réagissent en formulant de profondes méditations poétiques sur les rencontres entre mathématiques et résistances, en illustrant aussi leurs propos par le langage du kung fu appliquée au monde des particules élémentaires...

Comme dans une discussion de physiciens à la brasserie Carlberg de Copenhague où Albert Einstein, Louis de Broglie, Paul Dirac, Max Plank, Niels Bohr, Werner Heisenberg, Erwin Schrödinger et les autres se réunissaient, on assiste au spectacle en train de se faire, oppositions et/ou réunions d'opinions (avec comme postulat: la vérité n'existe pas) s'expriment entre scène et salle, débats, enthousiasmes et coups de gueule. Puis reprise du spectacle, à partir des nouvelles propositions de jeu, toujours dans la même intention, comment rendre Jean Cavaillès, résistant, présent sur cette aire de jeu, ici et maintenant?

La qualité du dialogue devient cruciale, les mots appréciés à leur juste (dé)mesure, nous poussons mises en espace et en voix jusqu'en page huit au second chant, offert sous forme de valse, "Le Chant hors toute résurrection". Le maniement des bâtons devient plus audacieux, il nous faut répéter précisément les chorégraphies, le labyrinthe désormais tracé au sol participe à la construction du jeu. Le travail sur scène et à la table s'est articulé entre les séances à la Maison pour tous Léo Lagrange (salle Molière) et Musique sans frontières.

Un soir en atelier plastique au centre social CAF de la Paillade, le groupe, par l'entremise de Thérèse et Khadija, propose la création d'un journal, feuille de chou simple de grand format, pour nous y adresser à un ami, un proche, spectateur susceptible (ou non) de venir nous écouter le soir de la représentation publique. "À la maman de Delphine, Pourquoi le théâtre de Gatti peut ne pas être hermétique", "Le Naufrage du Pourquoi pas? expliqué à mon amie Janik de Haïti par Fredo", etc., etc. La maquette circule, chacun est invité à y déposer un article pigeon voyageur.

Pascal :
Semaine sans émission sur l'éko. Beaucoup de choses se font sur scène ; la danse des animaux, où je suis à la tête avec mon jouet-flûte basse, et mon la la la, devient apparent. Nous sommes tous du bon côté de l'œuvre de Gatti. Idir avait prévenu : maintenant tout va très vite. Les chants se placent, l'avis collectif inconscient est positif ; le soleil nous invite à investir la cour ; les bâtons tournent. Joe sera bien étonnée quand elle rentrera de Paris. Jeudi soir, nous sommes un petit groupe à nous entretenir sur une idée de Thérèse ; rédiger un ou deux ou trois journaux qui seraient distribués à nos spectateurs, ce qui les plongerait dans le bain dès avant la mise en scène. Je sais que Juliette prépare quelque chose sur le regard qu'on porte aux gens qui montrent un handicap. Je pense que Delphine pourrait écrire sur la condition des enfants souffrant de l'autisme. Moâ, je vais faire un truc sur l'école obligatoire. Et peut-être fournir quelques dessins. Je sais que Joe a pris quelques photos. Nous n'avons pas de titre, où plutôt : pourquoi faut-il un titre ?

Et puis nous prenons un peu de temps chaque jour pour un débat sur un fait apparaissant dans la pièce. Nous tentons tous la même expérience. Le respect de l'autre est une priorité. Les voix se gonflent dans la certitude naissante du texte de la traversée des langage. Le pourquoi pas c'est aussi, voire surtout, le pourquoi.

Le kung-fu me fait oublier surpoids, solitude, manque de cause ou impuissance dans la cause. Mais il est vrai que mon arme c'est la musique ; et qu'au fond nous nous réunissons toujours autour de la musique. J'ai toutefois l'intention de continuer la gymnastique chinoise après le mois d'avril qui nous attend bientôt déjà.

Mon texte sur : à qui je m'adresse a fait boum. Il est incorporé. Je n'ai plus qu'à l'apprendre par cœur. Il a fallu un petit temps pour nous mettre en confiance vis à vis du texte, les apprentissages se font vite, une fois que le temps nécessaire trouve une place dans nos demies vies de zombis.

Les repas de midi se font au collège Arthur Rimbaud, et nous en traversons la cour sous les yeux amusés d'une jeunesse toute joyeuse. Le vendredi, c'est un rituel : steak haché, frites. Mais gare à l'élève qui voudrait passer en douce.

Je nous trouve formidables !

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