Des habitants du quartier et de la ville, Alban, Alexandre, Anina, Camille, Céline, Charifa, Christine, Chloé, Clorinda, Delphine, Élise, Fabien, Flora, Frédérick, Haciba, Héloïse, Idir, Isadora, Jalila, Joe, Kelly, Khadidja, Marina, Matthieu, Nathalie, Nicolas, Olivier, Pascal, Sarah, Thérèse, Yves, Zouhal, qu'il soient étudiants ou autodidactes, travailleurs ou chômeurs, nés français ou d'adoption, hommes et femmes de tout âge (de 17 à 65 ans...) se sont retrouver pendant neuf semaines pour monter une pièce de théâtre d'Armand Gatti, issue de la Traversée des langages, au théâtre Jean Vilar de Montpellier...

Cet atelier a réuni 25 Montpelliérains et les 6 membres de l'association Idéokilogramme. Nous avons travaillé dans le quartier Mosson-Paillade, à la Maison pour tous Léo-Grange, au centre social de la Caisse d'Allocations Familiales et dans les locaux de l'association Musique sans frontières.

Ce projet a reçu le soutien de la Ville de Montpellier, du Conseil Général de l'Hérault, du Conseil Régional Languedoc-Roussillon et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles du Languedoc-Roussillon. Nous vous invitons à lire le dossier de présentation de l'atelier.

vendredi 2 avril 2010

Huitième semaine (du 5 au 11 avril 2010)


Photos Dominique Leblon

Khadija :
Écoute, ce chant qui vient d'ailleurs.
Écoute, le rugissement de la tempête.
Écoute, le frémissement des feuilles.
Écoute, le murmure de la mer,
et regarde l'ondoiement des vagues.

« C'est un langage à cinq têtes ».
Il nous parle, il véhicule la règle de la transmission orale. Que dit-il ?

Il raconte l'histoire des hommes, leurs errements, leurs failles, leurs inquiétudes, leurs triomphes, leurs épreuves et leur élévation.

Écoute et devine le chant : le chant de l'élégance ailée, une voie qui porte loin.
Impénétrable, il a le talent de nous émouvoir.
Concert discordant, sons flutés, mélodieuses vocalises ; une symphonie au sein de l'écorce intime.
Il est l'expression de l'énergie qui vivifie la terre.
Le chant des oiseaux nous pénètre et nous transporte vers les cieux.
Chante cet air de liberté. Il tisse le lien entre les hommes.

Regarde et suit l'oiseau dans son envol, il exalte l'esprit et permet de saisir les sens.
Frissonnement et suspension de l'effleurement, le vent du regard dépouille.
Les oiseaux chantent , les feuilles dansent.
Appuie toi sur un arbre, son élancement véhicule le souffle de la vie. Il est le cordon entre le visible et l'invisible, entre le trouble et la clarté.

La grâce n'est pas de notre regard, c'est notre regard qui ne sait pas la voir.

Notre traversée tire à sa fin.
De la rive où je me trouve, je regarde le parcours de 2 mois d'expérience sur soi et sur les autres. Apprivoiser ses démons et faire confiance au groupe...Alors, l'éveil devient possible, enchanteur et la découverte de la lumière peut nous émanciper.

Une danse s'esquisse sur la rive d'arrivée de notre traversée des langages : il a fallu un arrangement avec le langage de l'autre, le prendre sur soi, en faire un allié. Il a fallu des tensions, des larmes, des rires, des discussions amicales, des heurts, des explications savantes, des échanges savoureux, des rencontres lumineuses, et puis des exploits sur soi....Ah, quelle belle aventure!

Alors chante avec l'oiseau de la libération.

Yves :
Une question, lors du débriefing de Vendredi 9 Avril 2010. Qu'est ce qu'on fait Jeudi prochain, si quelqu'un ne vient pas?
Une belle question, isnt'it?
En voilà d'autres, dans le désordre.
Qu'est ce qu'on fait, si elle, ou lui, ne sait pas son texte? Si un bâton se casse?
Qu'est ce qu'on fait si un vol de corbeaux, à la recherche de l'oiseau bariolé, fait irruption dans le théâtre?
Qu'est ce qu'on fait si on change le texte à la dernière seconde? Si j'ai envie de pisser? Si la brise marine nous enlève? Qu'est ce qu'on fait si on ne sait plus rien faire, si nos histoires d'amour se déchiquètent, si la patience a des limites, ou n'en a plus, si l'autre me regarde de travers, si la météo est mauvaise, s'il fallait tout recommencer depuis le début, si personne ne comprends jamais rien à rien, si la solitude est totale, si la connerie n'a pas d'âge, qu'est ce qu'on fait si le soleil ne nous éclaire plus, si mon voisin ne me souris plus, si mon amour se barre, si quand tu me parles je me gratte le nez de désespoir, si je ne supporte pas tes chaussettes rouges, mais bordel, tu vas la fermer cette putain de porte, non, qu'est ce que je fais si il ne veut pas la fermer, cette putain de porte, qu'est ce qu'on fait si Gille de Rais réapparaît, mais c'est qui ce mec, Gilles de Rais, jamais entendu parler, qu'est ce qu'on fait si on ne sait plus résoudre l'équation du sixième degré, et si la concierge n'est plus dans l'escalier, qu'est ce qu'on fait, qu'est ce qu'on fait si ton regard ne brille plus, qu'est ce qu'on fait si tu m'insultes, si tu ne m'apportes plus de fleurs rouges, si tu me trompes, s'il fait glacial en plein été, si je tombe en pleine mer du bateau et que la bouée est introuvable, qu'est ce qu'on fait si la serrure se casse, si les dinosaures reviennent foutre un bordel d'enfer sur les champs élysées, qu'est ce qu'on fait si on oublie tout ce qu'on croyait savoir, si nos cellules disparaissent en choeur, si le parfum des roses s'avère être une imposture, si on ne raconte plus d'histoires aux enfants, qu'est ce qu'on fait si le big bang devient à nouveau incompréhensible, si la pomme de Newton ne tombe plus par terre mais s'envole, si le kilo de bananes frôle les dix euros, qu'est ce qu'on fait si je ne te comprens plus, si tu te précipites du haut de la falaise, qu'est ce qu'on fait si je ne veux plus me lever le matin, et si je me lève le soir, si je me taille à perpète, si je me recouvre de cendres, qu'est ce qu'on fait si la poésie n'intéresse plus personne, si l'amour est rayé de la certe, si les gazés reviennent nous hanter la nuit, qu'est ce qu'on fait si il faut te mettre une sonde urinaire, s'il n'y a plus de pâqueretes au Printemps, si Madame Charles colporte des rumeurs infondées sur toi, si ta mère se retourne dans sa tombe, qu'est ce qu'on fait si on ne sait plus traduire les mots solidarité, fraternité, parce qu'ils ont disparu, hein, tu vas me dire ce qu'on fait?
Alors qu'est ce qu'on fait si tu ne réponds jamais à mes questions?




Thérèse :
Réveille toi.
Ca piaffe de tous les côtés...y'a lezoiseaux et le réveil le printemps quoa... oui réveille toi même entre les gouttes... Oui réveille-toi "l'autre sans qui je meurs."
Avec des paroles fortes
Celles qui ne rusent pas
Qui disent des choses pas édulcorées,
la catharsis rouge et noire...
C'est fini ce qui tourne en rond reflété dans le miroir quand ça fait joli, mensonges et mise à nu.
J'inverse le regard, je cherche le tien.
Tu innerves déjà dans mes pieds le battement de tes pas, de ton combat.

Toi qui "viens des gestes lumineux des taos pour dire la longue lutte entre l'équilibre et le déséquilibre, le fini et l'infini, l'en deçà et l'au delà."

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