Des habitants du quartier et de la ville, Alban, Alexandre, Anina, Camille, Céline, Charifa, Christine, Chloé, Clorinda, Delphine, Élise, Fabien, Flora, Frédérick, Haciba, Héloïse, Idir, Isadora, Jalila, Joe, Kelly, Khadidja, Marina, Matthieu, Nathalie, Nicolas, Olivier, Pascal, Sarah, Thérèse, Yves, Zouhal, qu'il soient étudiants ou autodidactes, travailleurs ou chômeurs, nés français ou d'adoption, hommes et femmes de tout âge (de 17 à 65 ans...) se sont retrouver pendant neuf semaines pour monter une pièce de théâtre d'Armand Gatti, issue de la Traversée des langages, au théâtre Jean Vilar de Montpellier...

Cet atelier a réuni 25 Montpelliérains et les 6 membres de l'association Idéokilogramme. Nous avons travaillé dans le quartier Mosson-Paillade, à la Maison pour tous Léo-Grange, au centre social de la Caisse d'Allocations Familiales et dans les locaux de l'association Musique sans frontières.

Ce projet a reçu le soutien de la Ville de Montpellier, du Conseil Général de l'Hérault, du Conseil Régional Languedoc-Roussillon et de la Direction Régionale des Affaires Culturelles du Languedoc-Roussillon. Nous vous invitons à lire le dossier de présentation de l'atelier.

samedi 3 avril 2010

Septième semaine (du 29 mars au 4 avril 2010)


Reportage Tip Top, journal et web-tv du service de la jeunesse de la Ville de Montpellier. Voir la vidéo depuis le site de Tip Top.


photos Dominique Leblon

Thérèse :
Regarder et rien d'autre.
Regarder encore et encore: le regard est accroché.
Il commence à s'accrocher, fixe des gravitations.
Le regard de Dominique, la visiteuse du Vendredi aux yeux verts, est venu dessiner nos contours.
Il y a quelque chose qui se dégage et devient de plus en plus net.
On mange des yeux le visage lumineux de Sarah qui absorbe la lumière près de l'homme de l'ombre.
Celui d'Yves tendu dans l'écoute de Khadidja qui donne son texte.
Et on glisse petit à petit le long de la traversée de Nico qui donne le la, de part en part.
Puis bras écartés, fait, avec la puissance érigée de l'arbre, le plus beau casse du ciel.

Il y a l'homme, et la femme qui est, "dans tous les livres sacrés, depuis la Genèse, comme dans la pratique, inséparable de l'aventure de l'homme".

Il y l'autre surtout, différent, dans la dérangeté de sa différence et, parfois l'effet de rencontre sur le plateau.

Côte à côte des fragments d'être étrangers l'un à l'autre... et puis, dans les yeux, des flux de tensions, les courants qui font battre le sens et la poésie du texte qui donne son sang.

Ils ont à voir ensemble.
Quoi donc????????

L'imperceptible sensation de l'autre.
Risquer de l'autre.
Le ballet des regards.

Mi-amusé, en colère,
en pleurs, sourire, résistant, œil de biche, clair-obscur...

Merci à Dominique la spectatrice non virtuelle.

Yves :
Cette semaine, on file. Entre les rires et les cris, je me faufile le long des murs noirs. Heureusement, les miroirs ne parlent plus. Savoir où mettre ses mains, même l'ancien testament, dans la Génèse, n'en parle pas. Avec qui me mettre, dorénavant, en symétrie? En asymétrie, en transsymétrie, en dissymétrie? L'écoute reste fragile, et dans le groupe se pointent quelques travers de l'espèce humaine. Et alors? On est là pour ça, non? Ce n'est pas parce que cette semaine, un journaliste "culturel" m'a dit que j'étais un garçon obscène que je vais arrêter tout et me mettre dans le trou définitif! Pas encore, allons quelques jours quelques heures, quelques cris pour vérifier... On va droit vers la répétition publique, on fait avec les présences volatiles, on travaille le chant des oiseaux, les couleurs... Tempête ou calme plat, tout est possible, génial!

Pascal :
Il s'agit absolument de faire ce que nous ne savons pas faire. Les cours de théâtre ne servent à rien, salle Molière. On se regarde, au bord de sa peur de l'autre, on plane et tout ne fait plus que descendre. Il y a des moments précieux, des tristesses, des abandons, des heurs, des vérités, mais c'est l'amitié qui fait fil. Ça fait un moment qu'on a commencé ce boulot. La visite d'Armand Gatti, a forgé nos efforts et tout cela ne l'a pas complètement déçu. Peut-être un peu plus de bagarre sur l'aire de jeu, un peu plus de réalité psychologique. On n'est pas là pour se planquer. On est là pour la lumière d'une activité historique, Galois ne rencontra-t-il pas Gérard de Nerval, dans une cellule de la prison Sainte Pélagie. Nous sommes la proposition d'alternatives. Nous sommes là pour ceux qui croient la Terre plate, et ceux qui défendent cette erreur, en parlant de crime, trop tard bien souvent. Et pourtant des crimes sont commis par milliers chaque jour, il y a des défenestrations plus ou moins philosophiques ou mathématiques. Nous ponctuons l'arrivée du chant des oiseaux par un largage de 15 parachutistes virtuels. Tout se tient vaille que vaille. Peut-être plus que deux trois catastrophes à venir. Mon cerveau corvidé se marre. Le bloc est dur, nous avons une responsabilité personnelle forte vis à vis des camarades, qu'un seul lâche il faut tenir quand même. Je commence à comprendre. Nous vivons les réminiscences du contact avec le fascisme quotidien. Voilà ce que ça nous fait : tout ça. Voilà ce que c'est, le fascisme ordinaire, nous voulons capturer le public, pour mieux le rendre à lui même. Nous avons besoin d'y voir plus clair dans l'obscurité sinistre des génocides, de l'esclavage, du colonialisme, du romantisme et de la sauvagerie machiste perdurant. La mauvaise herbe repousse toujours. Le 5, c'est la faux. La mémoire est un tomahawk qu'on enterre ou déterre selon. Sans communisme la tombe se referme sur toutes les formes de la songerie. La paranoïa américaine a de beaux jours. Il faudrait peut-être trouver des solutions thérapeutiques, pour ces pauvres imbéciles de cul terreux versus troisième millénaire. Nous portons un dolmen. Les paroles qui disent la résistance en espace temps, pollenisent les joints les plus lointains ; nous parlons, et nous ne parlons que de réel.

L'expérience est maintenant à 18 000 pieds et les moteurs tournent bien.
Plus que dix jours avant démonstration. Tentons de nous séparer en trois dimensions interactives, signalons que la symétrie est une portion d'une autre symétrie. Nous approchons de l'objet science. Les choses deviennent paroles.

1 commentaire:

  1. MERCI !

    que te répondre, Thérèse, sinon que ces images sont Vôtres,
    le cadeau que vous m'avez fait d'accepter ma présence...
    que ce regard vous soit un chaleureux miroir,

    Bien à toute l'équipe, et à Armand, la sève qui coule en vos voix.

    dominique

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